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Aborder la littérature de l’exil avec un public de migrants

Aborder la littérature en classe de FLE n’est pas toujours simple, en fonction des niveaux ou des affinités avec cette matière. Il est possible aussi que la littérature ne soit traitée que pour ses aspects langagiers et grammaticaux, et non littéraires justement : ce qui est bien dommage !

Alors aborder la littérature de l’exil en classe de FLE à un public de migrants…vaste question !! Le but de cette approche est de créer de l’interculturel, de faire parler les apprenant.es avant tout, en leur faisant découvrir des histoires peut-être similaires aux leurs.

Avant tout, il est sans doute nécessaire d’expliquer ce terme d »‘exil ». On peut aborder ce mot en partant du préfixe « ex » qu’ils ont dû entendre dans d’autres mots (excellent, excitation ou encore extérieur, exclu, même en anglais « exit »). On peut l’expliquer ou leur faire deviner par l’étymologie : le préfixe « ex » signifie « hors de », « en dehors de ». Exil viendrait du latin exsul, sul désignant le sol, la terre (cf. « Partir d’ici » à propos de l’étymologie latine de l’exil de Mireille Courrént). L’exilé c’est celui qui est éloigné de sa terre natale. Avant, l’exil était surtout forcé et contraint par une politique, une religion notamment, mais maintenant l’exil peut être volontaire, conscient. Cependant, cela reste ambivalent, car certains exilés partent de leur pays pour échapper à quelque chose, ils choisissent de partir par peur du lendemain, alors peut-on quand même parler de volontariat ? …

Pour amorcer (ou désamorcer) le thème de l’exil en classe, au lieu de les faire entrer immédiatement dans la littérature, j’ai décidé de commencer par une chanson : Petit Pays de Gaël Faye. (Originellement, Petit Pays est une chanson de Evora Cesaria qui rend hommage à son pays d’origine, le Cap Vert. L’air de sa chanson a ensuite été repris par Hocus Pocus, le groupe français qui rend hommage à leur petit pays à eux : la France). Gaël Faye, quant à lui, rend hommage au Burundi, le pays où il a vécu durant son enfance avec son père français et sa mère Rwandaise. Il me semble que cette chanson est une belle introduction au thème de l’exil : Gaël Faye y décrit ses peines et les obstacles rencontrés, les moments heureux là-bas et le déclin de ce bonheur. Après plusieurs écoutes, je demande aux apprenant.es ce qu’ils ressentent. Cliquez ici pour télécharger les questions qui accompagnent la chanson et les paroles. Vous pouvez ainsi créer un moment de partage et d’écoute entre eux, à voir si la chanson déclenche des réactions personnelles.

Ensuite, vous pouvez introduire la littérature de l’exil avec l’oeuvre de Gaël Faye : Petit Pays ! Il me semble que cette lecture est accessible aux bons A2 (pour le prologue) et à partir de B1 (pour le second extrait en italique). On peut aussi prendre en compte un autre facteur : si les apprenant.es sont arrivés depuis un moment en France, ils ont en général, un bon niveau de compréhension de la langue française et donc, un lexique assez riche puisqu’ils sont entourés du français dans le quotidien.

Les passages que je vais vous proposer ne vont pas être étudiés pour leur apport grammatical, il s’agit vraiment de faire parler nos apprenant.es migrants grâce à la littérature de l’exil. (pour autant, les extraits sont riches pour travailler d’autres compétences !)

Cliquez ici pour avoir accès aux extraits choisis avec les questions de compréhensions. Pour finir, je propose en tâche finale : « à vous de nous parler de votre « petit pays ». Ils peuvent faire une affiche, rendre un écrit, être créatifs, tout ce qu’ils veulent !

Voilà ! Ce travail est peut-être trop ambitieux mais il peut s’adapter à tous les niveaux (chanson pour les débutants et littérature à partir du niveau A2). Enfin, voici une liste de livres qui abordent le thème de l’exil, si cela vous intéresse :

  • La ballade du calame. Atiq Rahimi
  • De rêves et de papiers. Rozenn Le Berre
  • Mur méditerranée. Louis-Philippe Dalembert
  • Exils. Unicef
  • Méditerranée amère frontière, récits. Nathalie Levisalles.
  • Pas d’ici, pas d’ailleurs : anthologie poétique francophone de voix féminines contemporaines.
  • Mémoire de l’absence. Nabile Farès

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